Shalyan était restée longuement silencieuse, l'esprit un peu perdu, éperdu même, devant ces mots que le jeune Zaryel avait tracé pour elle. Isaya, autrefois, lui avait offerte une cape qu'elle portait toujours, première trace pour elle en ce monde de l'amour. Puis, en cette fin de journée, un poème, quelques mots lui avaient été destinés. A sa lecture les lèvres de la jeune femme s'étaient mises à trembler, stupeur, fragilité, anxiété... tout ceci associés au plaisir. Ses joues s'étaient parées de la couleur des roses et, d'une plume maladroite, elle associa au message du Xelor une autre feuille. Réponse muette mais réponse tout de même à cette tendre démonstration d'amitié.
Elle ne savait que écrire, ni comment l'écrire d'ailleurs... jamais, vraiment, on ne lui avait appris la moindre chose sur la poésie et sur ces mots qui enchantent l'âme et le cœur. Pourtant elle essayerait, tenant à respecter cette promesse... tenant à offrir à Zaryel un maladroit retour. Elle tenta d'associer les mots à ses sentiments, lentes arabesques de pensées. Et, lorsqu'elle releva la tête, voilà ce que son cœur sur le papier avait tracé.
J'avais fui mon lourd passé
Pensant sur lui un trait tiré
Hissant haut la grande voile
Voyageant à travers les étoiles
Attrapant des mes jeunes mains
Un rayon de ce soleil du matin
Voguant au fil de l'océan mouvant
Admirant naïve le Soleil couchant
Je m'étais prise à rêver d'ailleurs
Ma vie n'était qu'un étrange rêve
A la douceur diaphane trop brève
Je m'imaginais héroïne de roman
Quand mes nuits n'étaient que tourments
Puis vint le temps béni de l'exil
Heureux de départ de mon île
Amakna ma lointaine délivrance
Vint d'un mot stopper ma souffrance
S'abreuvant à la source de mes pleurs
Zaryel mon ami vous êtes le souffleur
De ces mots qui vinrent joliment tarir
Les larmes nées de tout un empire.
Shalyan eut un soupir en se relisant, légère tristesse de ces années perdues en d'autres contrées lointaines. Elle se frotta les yeux, y chassant une poussière que le vent y avait, capricieux, déposé et, sans autre mot d'adieu, partit en Amakna chasser ses pensées malheureuses.
- La vie n'est qu'une question d'harmonie...peut-être un jour la trouverais-je par ici...